Un loup a été aperçu le 17 février dans la vallée des Rousses (Haut-Jura), à hauteur du massif du Noirmont. L’animal a été filmé par un automobiliste. Une présence tout à fait normale en plein hiver, explique un spécialiste.
Vendredi 17 février, Arnaud Macchi se rendait au travail quand ce moniteur de ski a aperçu vers 8 heures du matin, une silhouette sur le bord de la route. Pas de doute, c’est bien un loup qui court le long de la chaussée sur la neige. “Il a fini par traverser devant moi, c’était un sacré moment. Je suis content de l’avoir vu. Je ne suis pas agriculteur, mais je pense à eux, car perdre des animaux est toujours compliqué” confie ce Jurassien. Sur ce secteur juste en face de l’ancien domaine alpin du Noirmont, il voit régulièrement de la faune sauvage. Renards, chamois, hermines, chevreuils… Autant de proies pour le prédateur.
Le même jour, vers 20h30, un habitant de Bois d’Amont aperçoit également un grand canidé. Est-ce le même ? Vivien Lamy Chappuis sortait alors son chien. Il a à peine eu le temps de réaliser : “Je suis certain que c’était un loup, il était là à moins d’un mètre. J’ai d’abord entendu quelque chose qui soufflait dans ma direction. J’ai protégé mon chien entre mes jambes, j’ai crié un grand coup. Il est reparti tout droit vers la forêt du Risoux. Cela a duré entre 5 et 10 secondes." L'homme comme l'animal ont été mutuellement surpris de cette rencontre du hasard.
Julien Regamey est photographe animalier. Il est chargé du suivi du loup dans le canton de Vaud. Le fait que le loup soit aperçu régulièrement tant du côté français que suisse ne l’étonne pas en cette saison. “En ce moment, la neige est présente sur les hauteurs, le gros du gibier descend vers les vallées. Vallée de Joux, ou vallée des Rousses sont des points de passage pour les loups. Ils longent les forêts pour dénicher les cerfs. C’est bientôt également la période du rut, le mâle cherche des femelles, les jeunes loups peuvent se retrouver seuls, et peuvent être plus téméraires” explique le spécialiste.
Voir un loup de temps en temps n'a donc rien d’étonnant. “C’est souvent le même loup qui est vu, les gens pensent qu’il y a des loups partout, mais un loup fait 10 à 12 km par heure. Plusieurs personnes peuvent donc voir le même animal” détaille Julien Regamey.
Sur la vidéo filmée par Arnaud Macchi, Julien Regamey a son analyse : “c’est un loup mâle de la meute du Marchairuz en Suisse, il est en train de changer de territoire de chasse, il n’est pas à l’aise, il fuit l’homme”.
D’ici fin mars, début avril, les loups vont remonter sur les hauteurs des massifs avec la fonte des neiges. En attendant, “c’est clair qu’on peut avoir un loup qui passe près de son jardin” rappelle Julien Regamey qui connaît bien la région des Abruzzes en Italie où hommes et loups cohabitent. “Le loup est là aujourd’hui sur le massif du Jura, il faut apprendre à vivre avec, la plupart du temps, il reste un animal discret”.
Selon Julien Regamey, il y a actuellement deux loups adultes, trois louveteaux côté français sur le secteur de la forêt du Risoux.
Côté suisse, au Marchairuz, il y a une femelle, un mâle et quatre louveteaux.
Après les attaques sur des troupeaux l’été et l’automne dernier, des tirs de régulation ont eu lieu dans les deux pays. Une louve alpha a été tuée dans le Doubs, le mâle reproducteur du Marchairuz a été abattu en Suisse.
Le 11 mars, plusieurs associations dont le Pôle grand prédateurs, France Nature Environnement, One Voice, Humanimo, Defend the wolf, appellent à manifester à Besançon contre les tirs de loup dans le massif du Jura et pour la défense de la biodiversité.
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