Les éleveurs auront un peu plus de liberté pour faire face au loup 02 10 2025
Pro-loup d’un côté, éleveurs de l'autre : deux conceptions de la nature s’opposent.
Le reclassement du loup, passé d’espèce « strictement protégée » à simplement « protégée », entraîne des aménagements réglementaires dans les pays des États membres de la convention de Berne. Ainsi, en France, dès janvier prochain, les éleveurs auront davantage de liberté pour faire face aux attaques. Fabienne Buccio, préfète coordinatrice nationale, a annoncé, le 23 septembre, « la suppression, dans les territoires exposés à la prédation, du régime d’autorisations dérogatoires au profit d’un système déclaratif ».
Le loup se porte bien au niveau européen
Référent loup de la Coordination rurale, Christian Provent se réjouit, auprès de BV, de la perspective continentale donnée à la question. « Nous demandions depuis longtemps que le dossier prédation soit porté au niveau européen. L’évaluation de la population lupine par les principaux pays a permis d’établir un effectif d’environ 20.000 loups [en France, NDLR]. La commission permanente de la convention de Berne a estimé que la population est en effectif suffisant pour ne plus être menacée et a donc reclassé l’espèce. »
L’adaptation du cadre juridique s’accompagne, comme il est de règle en matière d’environnement, d’une consultation publique. Le titre est entortillé : « Projet de décret portant diverses dispositions relatives aux mesures de protection des espèces animales non domestiques et végétales non cultivées ». Mais c’est bien du loup qu’il s’agit. À voir les réactions, les avis sont à 90 % défavorables : ce sont les pro-loup qui s’expriment. « Comme dans toutes les consultations publiques, réagit Christian Provent. Nous, syndicalistes, passons l’info, mais le monde agricole n’est pas habitué à ce genre de consultations et, donc, se manifeste peu.
D’où notre faible mobilisation. » La vie d'un éleveur se passe dehors plutôt que devant un écran d'ordinateur.
L’État se décharge du fardeau
Cela va-t-il desservir la cause des éleveurs ? Non, puisque, la décision de reclassement a eu lieu et que les États membres sont tenus de présenter des mesures, nous rassure Christian Provent : « Toutes les composantes du Groupe National Loup [GNL] sont invitées à s’exprimer par l’envoi de contribution et la tenue de réunion. Ce vendredi 3 octobre, nous serons à la troisième réunion de concertation du GNL, avec un objectif : formuler des propositions sur les modalités à mettre en œuvre, pour mise en place début 2026. » Car, dans les propositions actuelles, tout n’est pas clairement défini.
Il faut d’ailleurs mesurer ce que ce progrès implique. « D’une certaine manière, explique le Monsieur Loup de la Coordination rurale, l’État se décharge sur les éleveurs. Jusqu’à maintenant, tout était mis en œuvre en faisant appel à des professionnels de la louvèterie. Avec les nouvelles règles, beaucoup de responsabilités vont retomber sur les épaules des éleveurs. » Or, tous les éleveurs ne sont pas chasseurs. Tous n’ont pas une pratique suffisante pour gérer, à leur niveau, la présence du loup. « Cela risque d’être problématique. Nous souhaitons que les chasseurs s’engagent aux côtés des éleveurs, pour ne pas laisser ceux-ci seuls face au problème. »
Pro-loup et anti-loup
Du côté des pro-loup, on dénonce, comme le WWF, « l'ouverture d'une chasse aux loups ». Outrance, car il n’y aura bien sûr rien de tel. La préfète coordinatrice a rappelé que « l’objectif est clair : améliorer la coexistence entre le loup, dont le bon état de conservation doit toujours être garanti, et les activités d’élevage qui font face à une prédation lupine importante et croissante en France ». De même, la consultation publique, qui parle d'« assurer un état de conservation favorable des populations des espèces concernées et permettre leur coexistence avec les activités économiques existantes ».
Cette coexistence est une idée séduisante mais irréaliste, pour Christian Provent : « La présence du loup partout est totalement incompatible avec l’élevage et plus généralement avec les activités humaines. » Il déplore que les associations restent aussi campées sur leur position du « loup partout ». Il pointe du doigt une incohérence fondamentale. « Le loup est une espèce magnifique quand il s’exprime dans un milieu sauvage. Mais lorsqu’il tue quinze, vingt moutons, dans un enclos, pour le plaisir et pour n’en manger qu’un ou deux, sont-ce ses qualités intrinsèques qui s’expriment ? Je ne crois pas. »
Un exemple ? Cet éleveur de la Meuse qui a perdu 27 brebis égorgées, et 45 autres blessées, dans huit attaques de loup durant l’année. Pro-loup d’un côté, éleveurs cherchant à protéger leurs animaux et leur travail de l'autre : deux conceptions de la nature s’opposent. L’une, idéale, où le loup ferait sa place en harmonie avec les campagnes françaises. L’autre, ancrée dans un réel plus sanglant.
Bon il est vrai que le loup mange les brebis et autres animaux, mais bon faut bien qu'ils mangent si ils descendent c'est qu'il ya un probleme de nourriture ailleurs, nous on est pas mieux! on est aussi des barbares, on mange des porcs, des vaches, poulets ect......
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